Objets d'art

Poisson, série Primavera

Ercole BAROVIER (1889-1974) pour Vetreria Artistica Barovier & C

1929-1930
Verre Primavera, détails en verre émaillé bleu
H. 27,3 x L. 27,5 x P. 16,8 cm.
Inv. 2020.1.1137

Ercole Barovier pour Vetreria Artistica Barovier & C, Poisson, série Primavera, 1929-1930, verre Primavera, détails en verre émaillé bleu, H. 27,3 x L. 27,5 x P. 16,8 cm, Département des Hauts-de-Seine, donation Pierre Rosenberg, musée du Grand Siècle, inv. 2020.1.1137 © CD92 / Philippe Abergel

La Donation de Pierre Rosenberg consentie au Département des Hauts-de-Seine en 2020 comporte un ensemble exceptionnel de 680 animaux en verre de Murano du XXe siècle. Le Poisson de la série dite Primavera est l’œuvre la plus importante de la collection du fait de la rareté des pièces de cette série, réalisée dans une matière novatrice et jamais rééditée.

La tradition verrière à Murano

Le verre est fabriqué par les hommes depuis environ 1 500 ans avant notre ère et cette production a probablement débuté en Mésopotamie et en Égypte. Il est essentiellement composé de silice, élément principal du sable, fondu à très haute température puis rapidement refroidi. Le point de fusion de la silice se situant à 2 000 °C, température impossible à atteindre dans l’Antiquité, on ajoute alors au sable des fondants (essentiellement de la soude ou de l’oxyde de potassium), qui permettent d’abaisser le point de fusion autour de 1 400 °C.

À l’origine, les objets réalisés en verre sont moulés. Le soufflage du verre aurait été inventé au Proche-Orient, peut-être par les Phéniciens, entre les IIIe et Ier siècles avant notre ère. Les techniques de fabrication se répandent ensuite dans l’Empire romain. Plusieurs centres de création se développent en Europe au tournant du Moyen Âge, notamment à Constantinople. Lorsque Constantinople est saccagée par la quatrième croisade en 1204, certains verriers fuient à Venise.

En 1291, le Sénat de Venise rédige un décret obligeant les verriers à installer leurs fours sur l’île de Murano, où certains ateliers étaient déjà établis. De nombreux incendies s’étaient en effet déclarés à Venise au départ des fours de verriers et les vénitiens s’inquiétaient des risques encourus par leurs maisons en bois. La condition insulaire permettait en outre de préserver plus facilement le secret de la fabrication du verre.

Jacopo de Barbari, Vue perspective de la ville de Venise de l’an 1500 (détail avec l’île de Murano au Nord), estampe, gravure sur bois, H. 67 x L. 91 cm, Paris, BnF, Département des estampes et de la photographie © Gallica / Bnf

L’arrivée de verriers byzantins et l’apport des échanges commerciaux et technologiques avec la civilisation islamique, lié à la position de Venise comme carrefour et porte vers l’Orient, ont contribué à l’essor et au perfectionnement de la production verrière, dont la qualité et le raffinement lui assurent une renommée internationale à partir de la fin du Moyen Âge.