Restauration d’un bureau attribué à Bernard Ier Van Riesen Burgh (1670-1738), vers 1710-1715

Bureau

Attribué à Bernard  Ier Van Riesen Burgh (1670-1738)
Bâti en bois, marqueterie de bois d’ébène, écaille, laiton, cuir et bronzes dorés.
Vers 1710-1715
H. 81 cm ; L. 133 cm ; P. 91 cm
Inv. GR 813, dépôt du Musée des Arts décoratifs de Paris

Vue du bureau entier en bois sculpté avec dorures, tout juste restauré
Attribué à Bernard Ier Van Riesen Burgh (1670-1738), Bureau, bâti en bois, marqueterie de bois d’ébène, écaille, laiton, cuir et bronzes dorés, vers 1710-1715, après restauration.
Paris, Musée des Arts décoratifs, inv. GR 813 © Atelier KoPal

Le bureau attribué à Bernard Ier Van Riesen Burgh (BVRB Ier) a été restauré de février à juin 2025, en vue de son exposition dans le parcours permanent du futur musée du Grand Siècle. Généreusement mis en dépôt par le Musée des Arts décoratifs de Paris, il trouvera place dans la séquence dédiée à l’art de vivre. L’œuvre a été confiée aux restauratrices Nelly Koenig et Morgann Fosse-Danglot pour les éléments en bois, à Krystelle Besson pour les bronzes et Ingrid Léautey pour le cuir.

Le constat d’état et le diagnostic de l’œuvre

Le constat d’état a permis de mieux comprendre la structure du meuble, d’en identifier les essences de bois et de repérer les éléments postérieurs à sa création. Ont également été identifiées différentes marques, dont un monogramme « AC », tracé au crayon au revers du plateau. Ouvragé, il semble dater de la fabrication du plateau.

Le diagnostic de l’œuvre a permis d’identifier les principaux dommages subis par l’œuvre.

  • Empoussièrement et encrassement : constitué d’un bâti de chêne et de noyer, le bureau présentait un empoussièrement et un encrassement particulièrement importants à l’intérieur des tiroirs.
  • Structure : la structure du bureau était fragilisée par une cassure du pied arrière gauche. Le plateau et le cuir le recouvrant étaient fendus.  
  • Marqueterie : plusieurs éléments de marqueterie étaient soulevés, déformés ou avaient été refixés avec des clous et pointes ayant percé et déformé le laiton.
  • Bronzes et éléments métalliques : l’oxydation et l’encrassement des bronzes et éléments métalliques nuisaient à l’appréciation esthétique du bureau.
  • Cuir : décoloré par la lumière, usé, éraflé et fendu, le cuir était très empoussiéré et la crasse masquait son grain ainsi que les motifs ornant sa bordure.

Première phase : intervention sur la structure

Afin de permettre le dépoussiérage du meuble et les interventions sur la structure et sur la marqueterie, les bronzes ont été démontés, ainsi que le plateau. Les restauratrices ont ensuite aspiré les surfaces et appliqué des éponges en latex vulcanisé pour dépoussiérer et gommer le bois.

Afin de refixer le pied arrière gauche, une partie de marqueterie a été démontée afin de pouvoir accéder à la cassure. Le pied a été recollé à l’aide de colle de poisson chargée de sciure de chêne et serré à l’aide de calles en forme. Plusieurs desserrages ont été nécessaires pour nettoyer les débords de colle.

La fente du plateau a été stabilisée grâce à des flipots, c’est-à-dire des pièces rapportées dans le plateau pour combler la fente. Les restauratrices ont retenu des flipots de tilleul, dont la densité, plus faible que celle du bâti en chêne, évite de contraindre le bois. Le plateau a ensuite été refixé au bureau à l’aide de colle de poisson. Le serrage a été maintenu durant 48h afin d’être assuré d’un séchage complet.

Deuxième phase : restauration de la marqueterie

Une fois la structure du meuble consolidée, les restauratrices se sont attelées aux opérations de restauration de la marqueterie.

De nombreux éléments soulevés étaient déformés et ne pouvaient plus s’imbriquer dans les emplacements dédiés. Afin de les remboîter, les restauratrices ont dû éliminer certains joints de colle et, parfois, limer les pièces en écaille de tortue et en laiton. Un travail de frappe a permis de rendre à certaines pièces métalliques leurs formes originelles. Les pièces ont ensuite été fixées par collage.

Les lacunes ont également été comblées avec des pièces d’ébène, de laiton et d’écaille de tortue (dont il restait des chutes d’une restauration précédente). Le laiton neuf a été ensuite gravé au burin, à l’imitation des pièces d’origine, à l’exception des ombrages, afin que la restauration reste lisible. Pour les lacunes d’écailles, les manques les plus petits ont été comblés avec de la cire-résine teintée.

Les passages de gel, d’eau déminéralisée, de gommes et de toiles abrasives ont permis de désoxyder les éléments de laiton. L’ensemble de la marqueterie a été dégraissé pour recevoir une finition de cire microcristalline. Elle assure une protection contre l’humidité et offre au regard un aspect satiné.

Troisième phase : intervention sur le cuir

Les éléments de cuir du plateau ont été nettoyés, ainsi que la dorure aux petits fers ornant sa bordure. La fibre du cuir a ensuite été consolidée, et la déchirure principale comblée. Sur les zones où la fleur du cuir avait été arrachée, de la matière a été réintégrée avec un mastic pigmenté et des retouches ont permis de maquiller déchirures et manques.

L’ensemble a été recouvert de cire afin de protéger la fleur du cuir et d’homogénéiser son aspect.

Quatrième phase : serrures et bronzes

Les serrures ont été traitées afin de stabiliser leur corrosion, tandis que les bronzes ont été nettoyés avant d’être remontés sur le bureau avec des vis de même apparence.

Le bureau entier dans l'atelier prêt à être restauré
Avant restauration © Atelier KoPal
Vue du bureau entier en bois sculpté avec dorures, tout juste restauré
Après restauration © Atelier KoPal