Ecole Française, d'après Pierre MIGNARD (1612-1695)

La Famille du Grand Dauphin

Huile sur toile
281 x 375 cm
Cadre en bois doré (moderne)
Vers 1690

Dépôt du musée Lambinet (Versailles) D 9521.
Classé au titre de monuments historiques en 1903.

Cette toile peinte d’après un original du peintre Pierre Mignard (1612-1695) conservé au château de Versailles, représentant la famille de Louis de France (1661-1711), fils de Louis XIV, est un dépôt que le musée Lambinet de la Ville de Versailles a accordé au musée du Grand Siècle.

Notice interactive

Notice détaillée

Une image non conventionnelle de l’héritier du trône et de sa descendance

En 1687, la Surintendance des Bâtiments du roi commande au peintre Pierre Mignard  un tableau représentant Louis de France (1661-1711), dit Monseigneur le Dauphin, ou le Grand Dauphin, et appelé simplement « Monseigneur », fils de Louis XIV et Marie-Thérèse d’Espagne, avec les membres de sa famille. Il est le seul enfant du couple royal à avoir atteint l’âge adulte. Il existe plusieurs esquisses, répliques et copies de cette composition. La pose reste décontractée et les habits sont contemporains. La formule du portrait historié n’a donc pas été retenue, mis à part le détail à droite des deux amours qui soulèvent une partie de la draperie qui sert de dais à la scène. A l’écart du groupe, à gauche, Monseigneur le Dauphin est accoudé à une table aux pieds de lions et se tourne vers sa femme, Marie-Anne-Victoire de Bavière (1660-1690), et leurs trois enfants : le duc de Bourgogne (1682-1712), futur père de Louis XV, habillé de rouge, une lance à la main, à droite ; le duc d’Anjou (1683-1746), assis sur un coussin avec un petit chien entre les bras, et futur roi d’Espagne Philippe V et ancêtre direct du souverain actuel ; enfin le plus jeune, le duc de Berry, bébé joufflu dans les bras de sa mère. Il s’agit de manifester ici la pérennité de la lignée dynastique de la maison de Bourbon. Les animaux de compagnie, trois chiens et un perroquet, en vogue à la cour, ne sont pas oubliés et rendent la scène encore plus vivante. Les protagonistes de ce portrait de groupe familial sont disposés dans une salle de palais qui laisse apercevoir un somptueux mobilier (console et tabouret en bois doré, vase…) et une ouverture sur un jardin. Le peintre crée ainsi un continuum entre l’espace intérieur et extérieur, ce qui est caractéristique du goût de cette période où l’on recherche les effets de profondeur et d’infini, ainsi que les transitions imperceptibles entre les dedans et les dehors. Le genre du portrait de famille, dont le règne de Louis XIV avait déjà donné des exemples, est ici magnifié et se diffusera au XVIIIe siècle dans les cours européennes. 

La longue et irrésistible ascension d’un grand peintre rival de Charles Le Brun

Quand cette copie de grand format de la Famille du Grand Famille est réalisée, Pierre Mignard est devenu Premier peintre du roi, après la mort de Charles Le Brun en 1690. Cette consécration intervient à l’issue d’une longue carrière et d’un apprentissage qui débutent auprès de Jean Boucher à Bourges. Né à Troyes, Mignard se nourrit aussi des grands décors de Fontainebleau, comme son frère Nicolas. Ayant rejoint l’atelier parisien de Simon Vouet, où il rencontre le peintre et écrivain Dufresnoy dont il devient l’ami proche, Mignard part en Italie à partir de 1635. De retour en France en 1657, il est très recherché pour ses portraits, ses Vierges à l’enfant ainsi que pour des travaux décoratifs, notamment différents plafonds, hélas disparus, d’hôtels parisiens. Il réalise alors sa grande composition à fresque dans la coupole de l'église du Val-de-Grâce (1663). Mignard s’affirme en rival du peintre Charles Le Brun et prend la tête de l'Académie de Saint-Luc, laquelle connaît des tensions avec l'Académie royale. Mis à l’écart des chantiers royaux, Mignard se rapproche cependant de l’entourage du duc d’Orléans, frère du roi, qui lui confie de grandes décorations à Saint-Cloud, notamment la galerie d’Apollon (1677-1680, détruites) et une Pietà, peinte pour la chapelle du château en 1682, aujourd’hui à l'église Sainte-Marie-Madeleine de Gennevilliers. Mignard travaille pour le Grand Condé (Persée etAndromède, 1679, Louvre), pour Monseigneur le Dauphin à partir de 1683. L’artiste accède enfin à une commande du roi, en 1685 : les plafonds de la Petite Galerie et les salons proches, lesquels sont malheureusement détruits. Ayant travaillé pour les Colbert, il bénéficie aussi du soutien de Louvois et s’impose de plus en plus face à Le Brun. Il est anobli par le roi l’année où il reçoit la commande de La famille du Grand Dauphin. Resté célèbre pour son art dans le genre du portrait, Mignard sait orchestrer le déploiement des figures tout en préservant l’attention portée à la réalité et à la sensibilité de ses modèles : Fillette aux bulles de savon, dite Mademoiselle de Blois (château de Versailles), Madame de Maintenon (1691, id.), Colbert de Villacerf (1693, id.), ou encore La marquise de Seignelay et deux de ses fils (1691, National Gallery, Londres).

Redécouverte et restauration de la plus grande version du tableau de Mignard

Compte tenu du manque de sources, il n’est encore possible de préciser l’auteur, le contexte de l’accrochage initial de l’œuvre et la trajectoire complète de ce portrait de famille. Son vaste format suggère une fonction encore plus décorative que les autres versions. Cette version, attribuée un temps à Jérémie Delutel, apprenti de l’atelier de Pierre Mignard, était-elle à Meudon, résidence du Grand Dauphin ? Passée au début du XIXe siècle à l’église Notre-Dame de Versailles, elle a été exposée à partir de 1986 au musée Lambinet. Masqué ensuite par une cloison, le tableau a été remis au jour en juillet 2020 et a pu bénéficier, en 2021-2022, d’une restauration fondamentale de la couche picturale (Bertrand Bedel de Buzareingues), du support et d’un changement de châssis (Emmanuel Joyerot). Cette opération fut prise en charge par le Département des Hauts-de-Seine et se déroula au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) à Versailles, avant que la toile ne soit ensuite placée en dépôt et encadrée, d’abord à Sceaux, au pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle, et en vue d’être installée ensuite à Saint-Cloud en 2026.

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