RESTAURATION

Attribué à Charles Hoyau (actif entre 1631 et 1644), Tête de femme

Vers 1640
Terre cuite (fragment)
H. 28 cm
Inv. 2020.6.1

Sculpteur réputé de l’école du Maine, Charles Hoyau demeure un artiste encore méconnu. Actif principalement dans l’ouest de la France, au Mans et en Touraine, vraisemblablement sa région natale, où il y a contribué de manière significative à l’essor de la sculpture en terre cuite polychrome, sans doute influencée par les artistes italiens. Cette technique contrastait avec l’usage dominant de la pierre et du bois dans le reste de la France.

Les premières traces de l’activité d’Hoyau remontent à 1631, et il semble avoir cessé de travailler vers 1644, année où des documents d'archives mentionnent son épouse Isabelle Préhoust comme veuve. Il est possible qu'il soit lié aux sculpteurs manceaux Marin et Julien Hoyau ainsi qu’à Gervais Ier Delabarre.

Hoyau est principalement connu pour ses œuvres religieuses monumentales, réalisées dans un style classique et orné, souvent en lien avec l’architecture de son époque. Parmi ses œuvres notables, on compte une série de sculptures pour le couvent des Minimes du Plessis-lès-Tours, une Adoration des Bergers pour l’abbaye de Beaumont-lès-Tours (1632, aujourd'hui disparue) ainsi que le décor du jubé de la cathédrale du Mans où il a travaillé à la suite de Gervais I Delabarre. L’une de ses sculptures, acquise par le musée du Grand Siècle en 2020, évoque notamment l’ensemble sculpté de la chapelle Sainte-Cécile de la cathédrale du Mans, une commande passée en 1633 par un chanoine, en l'honneur d’un concours musical annuel à l'occasion de la fête de sainte Cécile. Notre terre cuite, coiffée et couronnée de perles, rappelle particulièrement le visage de la Sainte Cécile sculptée par Hoyau pour l’autel de la chapelle.

Cette œuvre, caractéristique de son style, a été confiée à la restauratrice de sculptures Émilie Dominey. L’objectif de la restauration a consisté à redonner de la lisibilité à la sculpture grâce à une nettoyage minutieux, en vue de son exposition dans les salles du parcours permanent du pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle ainsi qu’au futur musée à Saint-Cloud.

Le constat d'état

La sculpture en terre cuite était recouverte de poussière et souffrait, dans certaines zones - particulièrement à l'arrière de la tête - d'un encrassement plus important. Des dépôts résiduels sous forme de particules noires et de grains, ainsi que des traces de frottements allant du brun au noir, étaient visibles sur la chevelure, dans les oreilles et dans les interstices de la figure.

Une marque résineuse et claire était présente sur la joue gauche du visage, probablement laissée par un adhésif utilisé pour fixer la tige métallique à l'arrière de la tête.

La structure de la terre cuite elle-même était stable, bien que quelques éclats de matière en bordure, ainsi que de petites fissures et des traces de craquelures étaient observables, surtout à l’arrière du portrait. Ces imperfections peuvent être dues à divers facteurs : soit à la mise en œuvre de la sculpture, soit à la méthode de cuisson de la terre cuite ou à une conservation instable. Des conditions de conservation appropriées et durables ont permis de stabiliser ces altérations.

Des traces d'interventions anciennes étaient également perceptibles, notamment des comblements et des retouches, principalement sur la partie inférieure du cou.

Les étapes de la restauration

La première étape de la restauration a consisté en un nettoyage minutieux de la sculpture afin d’enlever la saleté et l’encrassement. Ce travail a été effectué sur l’avers et le revers de la terre cuite à l’aide de divers outils : un pinceau fin, des brosses délicates, des gommes en poudre WHISHAB® tendres, et des bâtonnets de coton imbibés d’eau pour éliminer les résidus les plus tenaces. Il a permis de supprimer les traces brunes à noires ainsi que les nids d’insectes logés dans les oreilles de la sculpture.

L’observation attentive de la terre cuite durant cette phase a également révélé une légère polychromie, jusque-là dissimulée. La sculpture semble avoir été recouverte d’un fin revêtement ocre, rehaussé de pigments rouges à bruns.

Après sa restauration, l’œuvre est désormais exposée sur un nouveau socle métallique, dans les nouvelles salles du parcours permanent du Petit Château de Sceaux, qui a rouvert ses portes le 8 novembre 2024.