Restauration du Portrait de Nicolas Boileau

de l’atelier de François de Troy

Acquis en vente publique avec préemption par le musée du Grand Siècle en 2022, le Portrait de Boileau par l’atelier de François de Troy (1645-1730) a nécessité une restauration de sa couche picturale, pour lui rendre sa lisibilité et un meilleur état de présentation. Cette restauration a été confiée à Eléna Duprez, restauratrice et diplômée de l’Institut national du patrimoine (INP).

Ce portrait du grand écrivain français Nicolas Boileau (1636-1711) est un tableau "rentoilé" - le rentoilage est une technique de restauration qui consiste à coller une toile neuve à l'arrière de la toile d’origine usée. L’adhérence de la toile de rentoilage était satisfaisante, comme celle de la couche picturale, sauf en limite du « papier de bordage », qui recouvre les bords de la toile et du châssis sur les quatre côtés, lequel a exercé une pression sur la couche picturale, provoquant des soulèvements et de petites pertes de matière.

La structure de la toile d’origine présente une épaisseur et un tissage moyens. La préparation apparaît rose orangé. L’examen du travail de l’artiste atteste une peinture fine, notamment dans les cheveux, en demi-pâte dans les fonds et le costume, avec des accents plus empâtés dans les tons clairs. Un fin réseau de craquelures d’âge et un vernis brillant assez récent. Le cadre a laissé des zones de frottements sur le vernis, ce qui a provoqué des marques blanches sur le pourtour.

Malgré un bon état structurel de conservation de l’œuvre, il a donc fallu procéder à plusieurs interventions compte tenu du constat d’éléments problématiques :

  • la toile restait fortement empoussiérée face et revers,
  • le vernis était épais, oxydé, de couleur jaune et encrassé,
  • la composition et les fonds avaient perdu leur transparence et la profondeur des tons,
  • les fonds assez opaques sont peut-être par endroits jutés.

Soulèvements et pertes de matière au niveau du papier de bordage.

Le vernis est très jaune et altère la vision de l’œuvre.
Repeints ponctuels dans la chevelure.

Le traitement effectué

Refixage :

Refixage du bord inférieur de l’œuvre, là où le papier de bordage a tiré, à l’aide de colle d’esturgeon, Melinex et spatule chauffante.

Dépoussiérage et décrassage :

L’œuvre étant empoussiérée sur la face comme au revers, il a fallu effectuer un léger dépoussiérage à l’aide d’un pinceau doux et d’un aspirateur muni de filtres HEPA (étanches aux microorganismes et moisissures en bas, en prêtant une attention toute particulière aux zones fragiles).
Décrassage de la surface avec une eau ammoniaquée à 1 %. On enlève le voile gris qui altérait la visibilité.

Nettoyage du vernis :

Le vernis qui est composé d’une résine naturelle se dissout facilement dans un mélange alcool-isooctane. Après plusieurs essais nous optons pour la concentration 70/30.

Le vernis est jauni ; une fois enlevé, on retrouve un coloris plus froid et plus contrasté.

Le vernis épais nappait la peinture. Sous ce vernis, une couche picturale très fine dans les tons sombres présente divers degrés d’usure.

Retrait des repeints.

Une partie des repeints principalement localisés sur les angles et les bords s’en va en même temps que le vernis. Les repeints bruns se solubilisent assez facilement.

Le reste des repeints est solubilisé avec un mélange acétone-white spirit 50/50.

Le dépoussiérage enlève un voile gris.

Sous le vernis épais et jaune apparaissent des zones d’usures dans les fonds.

Il a fallu refixer le pourtour de la couche picturale au niveau du papier de bordage.
Le nettoyage permet de retrouver les couleurs, les transparences et les contrastes de la composition.