Portrait d’André Gide

1927, sanguine, H. 48,5 ; L. 39 cm.
Signature et dédicace en bas à droite, à la sanguine : « A Iacovleff / a (sic) André Gide / en souvenir / 1927 / Paris.»

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Alexandre Iacovleff incarne parfaitement la culture cosmopolite du XXe siècle : russe, il sera nationalisé Français, enseigna aux États-Unis et s’imposa comme peintre de contrées lointaines, l’Asie et l’Afrique. Ayant reçu une formation classique, il est représentatif de l’école de Saint-Pétersbourg, encore fidèle à l’ingrisme et très attentive à une retranscription minutieuse des détails. Il sera ensuite marqué fortement par le mouvement Mir iskousstva (Le Monde de l’Art), influencé par l’Art nouveau, fondé, entre autres, par Diaghilev et Alexandre Benois. En 1913, Iacovleff se rend en Italie avec son camarade d’atelier, le peintre Vassili Choukhaïeff (1882-1973). Pourvu d’une bourse de l’Académie de Saint-Pétersbourg en 1917, il gagne la Chine durant l’été. Trois mois plus tard, la révolution bolchévique éclatait ; Iacovleff ne revit jamais la Russie.

En 1926, il expose à Paris, à la galerie Charpentier, deux cent vingt-huit peintures et dessins qu’il a rapportés de l’expédition Citroën Centre-Afrique, manifestation qui rencontre un très grand succès auprès de public. D’octobre 1924 à juin 1925, il a été en effet le peintre officiel de la « Croisière noire », expédition scientifique, culturelle et économique constituée de dix-sept personnes de tous horizons (ingénieur, cinéaste, médecin...) traversant l’Afrique pour la documenter. L’opération était dirigée par Georges-Marie Haardt et Louis Audoin-Dubreuil, et mécénée par André Citroën qui met à disposition des autochenilles pour le voyage. À l’issue de l’expédition durant laquelle il capture les paysages, va à la rencontre des habitants pour les dessiner et multiplie les études d’animaux exotiques, Iacovleff montrera également ses œuvres à Bruxelles en 1927, qui seront publiées avec ses notes de voyages en un luxueux album, Dessins & Peintures d’Afrique, édité par Lucien Vogel.

Cette même année, probablement toujours dans un contexte suscité par l’intérêt pour l’Afrique, il réalise ce portrait, souvenir d’une rencontre avec André Gide. Ce dernier publia au mois de mai Voyage au Congo, aux éditions Gallimard, racontant son périple de dix mois en Afrique équatoriale. Au-delà d’une description formelle des contrées traversées, l’écrivain s’était attaché à dresser un état des lieux sincère de la gestion du pays par l’administration française, s’indignant de la pauvreté des populations locales brutalisées par les compagnies commerciales implantées sur place : ce constat suscitera une certaine émotion lors de la publication et sera à l’origine de quelques réformes. Dans ce portrait, la forte présence de Gide, le regard vif et pensif tourné vers le spectateur, résulte d’un contraste fort entre la sanguine utilisée jusqu’à saturation pour modeler le visage et la feuille de papier.

C’est la plume d’un autre écrivain qui nous livre une description de Iacovleff : Joseph Kessel (1898-1979), devenu son ami intime, a raconté leur rencontre pittoresque à bord d’un wagon-restaurant dans un train chinois qui les conduisait vers Paris, en 1919 : « il m’emmena dans son compartiment, ouvrit un carton, éparpilla sur la couchette dessins, sanguines, aquarelles […]. Quelle vigueur et justesse dans le trait ! Quelle densité, plénitude sculpturale dans les volumes ! Quel don pour pénétrer, transcrire muscles et visages ! […] Un trait commun nous rapprochait étroitement : la curiosité, la passion des paysages et des êtres, le besoin de l’évasion dans la vie et dans l’art » (Joseph Kessel, Introduction à l’exposition Alexandre Iacovleff, Paris, Galerie Vendôme, 1965, p. 4).

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